Page 23 - Vivre en Somme de mars

une somme de découverteS
Vivre en Somme n° 75 - mars 2013
23
VES
Quels sont les prochains
grands défis législatifs de votre
ministère ?
N.V.B. :
Ils sont multiples, mais je
voudrais insister tout particulière-
ment sur l’égalité professionnelle,
qui est un enjeu crucial. J’ai voulu le
mettre à l’ordre du jour de la Grande
Conférence sociale qui s’est tenue en
juillet 2012. Le 11 janvier dernier, une
étape essentielle a été franchie par
les partenaires sociaux. Un accord a
été conclu sur la multiplication des
temps partiels, occupés principa-
lement par les femmes. Cet accord
propose des moyens de régulation
significatifs, qui devront permettre
de réduire la précarité des salariés
et d’agir sur les écarts de salaire
entre les femmes et les hommes. Cet
accord constitue une première étape.
Les partenaires sociaux négocient
actuellement sur le thème de l’éga-
lité professionnelle. Leur négocia-
tion doit s’achever en mars. La loi-
cadre qui sera présentée enmai 2013
par le Gouvernement tirera toutes
les conséquences de cette nouvelle
négociation.
VES
Comment faire évoluer
les mentalités sexistes ?
N.V.B. :
Le premier levier est l’Edu-
cation nationale car c’est dès le plus
jeune âge que les représentations se
construisent. Des enseignements à
l’égalité seront mis en œuvre dès la
dernièreclassedematernelle jusqu’à
la fin du primaire. Nous venons de
signer avec le ministère de l’Educa-
tion nationale une grande conven-
tion pour l’égalité entre les filles et
les garçons à l’école. Des enseigne-
ments d’éducation à la sexualité ver-
ront également le jour au collège et
au lycée. Je veux également agir sur
toutes les sources de représentation :
la télévision, le cinéma, les affiches,
la publicité, le sport… Dans chacun
de ces domaines, le Comité intermi-
nistériel aux droits des femmes a
proposé des solutions pour que l’on
offre une image plus juste et équili-
brée des hommes et des femmes. Il
est demandé au Comité Supérieur
de l’Audiovisuel comme à France
Télévisions de veiller à mieux régu-
ler l’image des femmes dans les
médias. Les inégalités invisibles
tissent souvent notre quotidien, ren-
forcent nos préjugés. Par ces actions,
nous cherchons à interroger nos
réflexes inconscients.
VES
Vous avez passé votre
enfance et votre adolescence dans
la Somme. Quels souvenirs gar-
dez-vous de notre département ?
N.V.B. :
Ce furent des années très
studieuses qui, je dois bien le dire,
n’ont pas laissé beaucoup de place
aux promenades et à la découverte
des paysages de la région. Je n’ai pu
apprécier la diversité du départe-
ment que bien plus tard : il me reste
encore beaucoup à voir. Mon pre-
mier souvenir d’enfance reste bien
sûr celui d’un contraste saisissant
avec ma région natale, bien vite sur-
monté par un accueil très chaleureux
des familles du quartier dans lequel
nous vivions. Mes souvenirs sont
essentiellement urbains, à Amiens :
ceux de l’estuaire et la baie, par
exemple, sont liés à l’âge adulte.
VES
En 2005 et 2006, vous
avez été chroniqueuse culturelle
chargée notamment de l’actualité
littéraire. Etes-vous toujours une
lectrice assidue? Quels sont vos
écrivains préférés ?
N.V.B. :
Si le tempsmemanquecruel-
lement de lire aujourd’hui autant que
je le voudrais, je garde des réflexes
de grande lectrice, en effet. C’est un
virus d’enfance. Je continue de fré-
quenter les librairies, et j’ai toujours
un livre ouvert quelque part à por-
tée de main. J’ai une passion jamais
démentie pour Albert Cohen, par
exemple, mais mes goûts sont très
éclectiques : un roman historique, ou
une biographie peut laisser laplace à
un polar, puis à la relecture d’un clas-
sique de la littérature française, sans
oublier les BD que j’ai appris à aimer
plus récemment.
Philippe Lacoche
c’est bon
àsavoir
Un nouveau collectif
pour les droits des femmes
Comme le démontrent les
statistiques, les femmes occupent
la grande majorité des emplois
précaires, et malgré leur
niveau général de formation
plus important, leur salaire
moyen reste inférieur de 27 %
aux hommes. Face à la crise,
les inégalités se creusent et si
l’égalité hommes-femmes existe
sur le papier, elle est souvent
moins visible dans les faits.
Partant de ce constat, un Collectif
Départemental pour les Droits des
Femmes (CDDF) s’est créé à la
fin 2012 dans la Somme. Il réunit
une douzaine d’organisations
politiques et syndicales, des
associations et des personnes
sensibilisées à la question
féministe décidées à s’unir pour
créer un espace d’échanges et
élaborer des outils d’intervention
communs avec pour engagement :
«
combattre le système patriarcal
[…],
faire passer dans les faits
l’égalité formelle que les femmes
ont conquise […] et se battre sur
tous les terrains où les femmes
souffrent de discriminations,
d’exploitation et de traitement
inégalitaire, de violences, de
manquement à leur dignité. »
Un bulletin mensuel et d’autres
supports d’informations seront
régulièrement proposés.
Contact :