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une somme de découverteS
Vivre en Somme n° 72 - décembre 2012
THÈME
VES
Qu’est-ce qui vous a
amenée à écrire et à illustrer
des livres pour enfants ?
M.D. :
J’ai fait des études en
sciences humaines (ethnologie puis
maîtrise d’histoire contemporaine).
En sciences humaines on cherche, on
lit puis on restitue de façon résumée
et si possible agréable, comme dans
les livres. J’ai mené aussi des études
d’art appliqué (architecture d’inté-
rieur) où on dessine, on joue avec les
formes, ce que je fais souvent avec
le livre. Parallèlement à mes études,
je travaillais au côté des enfants,
comme jeune fille au pair puis dans
une structure un peu expérimen-
tale pour tout-petits fondée par une
psychologue et psychanalyste. Je
m’occupais avec elle des anima-
tions ; c’était il y a dix ans environ.
Ce n’est pas un parcours classique
et en ligne droite pour arriver aux
livres pour enfants, mais au final
tout ça se retrouve dans mon travail.
VES
Quel est l’objectif
de la résidence que vous menez à
bien à la Bibliothèque
départementale de la Somme?
M.D. :
Elle se compose de deux
volets : des rencontresavec lespublics
(des assistantes maternelles et des
enfants, dans toute la Somme). Je tra-
vaille avec trois groupes de jeunes
enfantsdans lecadred’ateliersautour
du livre et du jeu. Je les invite à faire
des livres jeux de manière collective
et individuelle. Les enfants repartent
avec les livres qu’ils ont créés. C’est,
pour moi, une façon d’expérimenter
de nouveaux ateliers ; ce sont des
créations. L’autre volet consiste en
mes propres recherches autour du
livre et du jeu. J’invente des jeux.
VES
Quel est le rôle du livre
dans votre travail?
M.D. :
Je fais parfois des livres de
facture très classique. Un travail
sobre. On propose en général aux
tout-petits des livres cartonnés et
pelliculés (solides et qui se salissent
moins). Je n’hésite pas à leur propo-
ser des livres avec des images sur
papier et mates. C’est une façon
d’inviter les enfants à prendre soin
du livre. Il y a une toute autre par-
tie de mon travail qui consiste à
réaliser des livres accordéons, ou
en forme de lapins, cette fois carton-
nés. Des livres jouets. Dans mes ate-
liers, je prolonge cette démarche de
création. On est en train de réaliser
par exemple un livre jeu de quilles.
On prend soin du livre, il y a des
règles mais on peut jouer avec.
VES
De quelle manière
parvenez-vous à parler de sujets
douloureux avec les enfants ?
M.D. :
L’enfant est un adulte en deve-
nir ; il faut faire confiance à l’enfant
et au livre. Je simplifie le discours,
j’essaiede le rendre limpidepour qu’il
soit accessible même au tout-petit
qui lit avec un grand. C’est un temps
de partage ; l’adulte qui accompagne
peut être intéressé par l’histoire. C’est
un juste équilibre entre le côté lim-
pide et l’aspect enrichissant. J’aborde
les thèmes de la séparation comme
le deuil mais aussi les premiers jours
à la crèche ou à l’école... De manière
générale, je pars d’une situation
qui me touche en tant qu’adulte et
je transpose. On trouve une équiva-
lence des sentiments adultes chez
les tout-petits. Prenons les pleurs
des petits lors des premiers jours de
la crèche ; sur les quais de gare, on
trouve aussi des adultes qui pleurent
comme des petits.
Philippe Lacoche
RENCONTRE
Depuis octobre et jusqu’à
la fin décembre en
résidence à la Bibliothèque
départementale de la
Somme, l’auteur-illustratrice
Malika Doray écrit et illustre
des livres à destination
des enfants, en particulier
des tout-petits. Il lui arrive
d’aborder des sujets
difficiles, voire douloureux.
© CB
Malika Doray