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une somme de découverteS
THÈME
Vivre en Somme n° 72 - décembre 2012
MÉ OIREs DE SOMME
miens, 1292.
À la nuit
tombante, Louise et sa
famille s’arrêtent devant
la façade occidentale de
la cathédrale Notre-Dame dont les
porches sont éclairés par les lampes
à huile. Chacun contemple ces sta-
tues aux figures humaines éclatantes
de couleurs. Les bleus, rouges, verts,
blancs, noirs ou dorés apportent,
tel un tableau, une mise en scène
à ces personnages impressionnants
de réalisme...
Amiens, 2012.
À la tombée de
la nuit, Emma et sa famille s’ins-
tallent sur le parvis de la cathédrale.
Soudain la façade de pierre blanche
s’illumine de multiples couleurs
grâce à la projection d’images qui
redonnent vie aux saints, apôtres et
figures du monument...
La technologie a rejoint l’histoire,
Emma vient de plonger ses yeux dans
ceux de Louise sept siècles en arrière.
Aux origines
de la polychromie
Comme pour de nombreux édifices
entre le XI
e
et le XVI
e
siècle, les décors
sculptés de la cathédrale d’Amiens
étaient, à l’origine, peints de teintes
vives. Il s’agissait par la couleur
de distinguer les personnages au-
dessus des trois porches et d’accen-
tuer l’expression de ces scénettes
qui délivraient ainsi leur message à
tous. Pour cela, au pays de la Waide,
cette plante tinctoriale qui fit la for-
tune d’Amiens, les pigments utilisés
tous d’origine minérale, végétale ou
animale étaient posés sur un enduit
blanc. Le lapis-lazuli donne le bleu
aux parures, la noix de galle accen-
tue le noir des pupilles, la garance
éclaire de rouge le manteau du Beau
Dieu et les ors les contours de la sta-
tuaire. Au fil des siècles, les intempé-
ries et la pollution feront disparaître
petit à petit les couleurs de la pierre.
Et encore Notre Dame d’Amiens sera-
t-elle partiellement épargnée des res-
taurations abrasives duXX
e
siècle qui
finiront d’effacer, sur d’autres monu-
ments, les traces de cette polychromie
médiévale…
Les couleurs révélées
Tels des vestiges oubliés, les couleurs
des monuments n’intéressent alors
plus personne. Grâce aux nouvelles
technologies, elles seront cepen-
dant remises à l’honneur dans les
années 80. La cathédrale d’Amiens
sera la 1
re
en France à expérimenter,
en 1992, la technique de nettoyage
aux lasers qui décolle les impuretés
sans abîmer la pierre. C’est ainsi
que des teintes vertes, rouges… sont
réapparues. La couleur originelle est
de nouveau révélée.
« La question
s’est alors posée de savoir comment
valoriser cette découverte. L’idée de
repeindre entièrement la cathédrale
a même été avancée. Finalement, les
technologies modernes ont permis, à
travers un spectacle, de redonner ses
couleurs d’antan à la cathédrale. »
,
relate Xavier Bailly, directeur du
Patrimoine à Amiens. Après sept ans
de recherches sur les polychromies
de l’époque, une image en couleur
des trois portails de la cathédrale
est reconstituée. La technologie fera
le reste : les portails et la façade
sont photographiés, les clichés trai-
tés numériquement et colorisés. Au
crépuscule, ce sont alors ces images
numériques haute définition qui
seront projetées avec une précision
exceptionnelle sur les sculptures.
Pendant 45 minutes, Emma, tout
comme les milliers de personnes qui
ont déjà assisté à ce spectacle depuis
1999, a rejoint son ancêtre Louise… et
le temps s’est arrêté.
Sébastien Duquenne
Depuis le XIII
e
siècle,
la cathédrale d’Amiens
se dresse, majestueuse,
au cœur de la ville.
Chaque année en été
et en hiver, elle dévoile
ses couleurs originelles,
et ce devant les yeux ébahis
des Samariens et des
touristes du monde entier.
La cathédrale
en habits de lumière
c’est bon
àsavoir
« Amiens, la cathédrale
en couleurs »
, spectacle gratuit
du 1
er
décembre 2012 au 1
er
janvier
2013. Tous les jours à 19h.
www.amiens-cathedrale.fr
© L. Rousselin - Création Skertzo pour Amiens Métropole
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