Page 20 - Vivre en Somme de Janvier 2013

20
une somme de découverteS
Vivre en Somme n° 73 - janvier 2013
n 2005, la cloche principale du bef-
froi de Lucheux sonnait pour la
3
e
fois en un siècle. Elle célébrait
l’inscription de l’édifice sur la liste
des « Beffrois de Belgique et de France » du
patrimoine mondial de l’Unesco, au même
titre que ceux d’Abbeville, Amiens, Doullens,
Rue et Saint-Riquier.
«
Au XII
e
siècle, les
villes cherchent à se développer écono-
miquement à travers l’activité commer-
ciale, notamment textile
,
explique Cédric
Ludwikowski, de l’association Beffrois et
Patrimoine.
Les marchands s’organisent
et demandent l’autorisation, aux autorités
féodales ou religieuses, de s’administrer
eux-mêmes. Les droits et privilèges acquis
et souvent chèrement payés, sont détaillés
dans une charte de franchise communale.
La communemarque son territoire et montre
sa richesse en construisant un beffroi. »
Métronome de la cité
Le beffroi devient alors le siège de l’adminis-
tration communale et remplit de multiples
fonctions : tour de guet pour alerter en cas
d’incendie ou d’invasion, tribunal, cachot,
coffre-fort où l’ongarde les trésors et la charte
de la ville. Les cloches rythment la journée.
Les cadrans solaires, encore visibles
aujourd’hui sur les beffrois d’Abbeville et
d’Amiens, prennent le relais avant de céder
la place aux horloges et carillons, véritables
métronomes de la cité. Témoin d’un passé
commun, maintes fois détruit mais tou-
jours reconstruit, chaque édifice marque sa
singularité, en fonction de son histoire. Ainsi,
installé sur l’ancienne porte de la ville, le
beffroi de Lucheux rappelle la position fron-
talière stratégique de la cité au XIII
e
siècle.
Son allure massive s’inspire du style des
forteresses romanes et sa toiture, couverte
de tuiles en bois de noisetier, affirme son
authenticité. D’autres beffrois dévoilent de
curieux graffitis, gravés dans la pierre par
des gardes ou des prisonniers.
Un parcours éducatif
Partenaire du dispositif départemental « PAC
collégiens 80 », le parcours artistique et
culturel dédié aux collégiens de la Somme,
l’association Beffrois et Patrimoine propose
un kit pédagogique réalisé avec l’Education
nationale.
«
L’outil se compose d’un livret
présentant, demanière illustrée et ludique, le
phénomène d’indépendance communale, les
usages et l’architecture des beffrois
,
précise
Cédric Ludwikowski.
Il comprend également
des carnets de découverte accompagnant les
élèves dans la visite d’un beffroi. »
À l’aide
de ces carnets, les collégiens s’attarderont
devant le magnifique beffroi d’hôtel de ville
de Rue, avec ses quatre échauguettes coif-
fées de poivrières. Ils emprunteront l’escalier
à vis situé dans l’une des tourelles d’angle du
beffroi de Saint-Riquier pour aller admirer
le bourdon fondu au XVI
e
siècle. Ils appren-
dront qu’au sommet de l’austère tour en
grès d’Abbeville, datant de 1209, la girouette
représente le comte de Ponthieu à cheval, qui
accorda aux Abbevillois le droit de se consti-
tuer encommune. Unparcours richeendécou-
vertes dont chacun peut également profiter
en se renseignant sur les horaires de visites
des beffrois samariens grâce au site internet
de l’association Beffrois et Patrimoine. 
Clara Leblanc
Escapade
Emblème de l’indépendance
communale, les beffrois trônent
fièrement au cœur des villes du
nord de la France et de la Belgique.
Dans la Somme, six d’entre eux
bénéficient d’une reconnaissance
internationale.
E
+
sur le
WEB
Les beffrois,
symbole
de liberté et de prospérité